Voici le texte d'une guindaille :
Tralala ou les aventures de Julie, Roger, Renée et cie
Air : Le petit pont de bois de Y. Duteuil
C’était un petit pré tout entouré de haies
Bien loin de la cité au fin fond d’la Hesbaye
Et sur ce petit pré ignorant les ennuis
Paissait une brebis qui se nommait Julie
Et Roger le bélier vint passer son museau
Lui fit son numéro, ça donna des agneaux
Firmin et Noémie, Robert et puis Sylvie
Jean-Pierre et puis Henri, tous les agneaux d’Julie
Dans le pré plein de fleurs gambadaient tous sans peur
La suite démontra que c’était une erreur
Un camion arriva, les agneaux emporta
Sur la route s’en alla sans faire de tralala
C’était une p’tite usine au find fond d’la Campine
Qui se nommait VanMoore, boucherie en gros mais fine
Tout près d’un autoroute et d’un terrain de foot
Ca sentait le mazout, y’ avait une fuite sans doute
Le camion arriva, les agneaux débarqua
Le boucher un peu las bien vite les égorgea
Firmin et Noémie, Robert et puis Sylvie
Jean-Pierre et puis Henri, tous les agneaux d’Julie
Furent prop’ment découpés, salés, assaisonnés
Hachés, conditionnés, emballés, congelés
Un camion arriva, les paquets emporta
Sur la route s’en alla sans faire de tralala
C’était une boucherie non loin d’une industrie
L’boucher avait une fille qui était très jolie
Dans la banlieue d’Bruxelles on ne parlait que d’elle
De son pâté au sel et de ses mortadelles
Le camion arriva, ses paquets débarqua
La jeune fille salua et puis il s’en alla
Firmin et Noémie, Robert et puis Sylvie
Jean-Pierre et puis Henri, tous les agneaux d’Julie
Furent mis en magasin, entre un paquet d’boudin
Du pâté aux raisins, du civet d' marcassin
Une voiture se gara et un client entra
10 kilos acheta sans faire de tralala
C’était comme chaqué été un barbecue trempé
Dehors il pleuvait, les gens étaient gelés
Le charbon s’éteignait à cause d’l’humidité
La fumée empestait mais il fallait manger
Du frigo on tira les paquets qu’étaient froids
Et on les apporta près du feu glaglagla
Firmin et Noémie, Robert et puis Sylvie
Jean-Pierre et puis Henri, tous les agneaux d’Julie
Furent déposés vite fait sur la grille surchauffée
Ils y furent dégelés et puis carbonisés
Tout noirs on les r’tira. On les distribua
Aux gens qui étaient là sans faire de tralala
La côté encore rosée, la brochette toute cramée
Me font penser au pré du fin fond d’la Hesbaye
La merguez noircie baignant dans l’eau de pluie
Me rappelle Julie qui n’a jamais d’soucis
La d’ssus je prend une bière et je remplis mon verre
Un peu de mayonnaise fera passer l’affaire
Epilogue I à l’usage des inquiets et des sensibles
C’était un petit pré tout parsemé de fleurs
Les averses de l’été l’arrosaient à toute heure
Julie se demandait où ses enfants étaient
Partout elle cherchait mais jamais ne trouvait
Puis Roger le bélier vint passer son museau
Lui fit son numéro, ça donna des agneaux
Hector et Nathalie, Jean-Marc et puis Sophie
Oscar et puis Marie, tous les agneaux d’Julie
Dans le pré plein de fleurs gambadent tous sans peur
Dans un an ils verront que c’est bien une erreur
Quand comme chaque été, on viendra les chercher
Pour les carboniser sur une grille surchauffée
Epilogue II à l’usage des végétariens et des macrobiotiques
C’était un potager au fin fond d’la Hesbaye
Ou la salade Renée poussait sans se presser
Ses feuilles elle chauffait au soleil de l’engrais
Quand on vint l’arracher à sa terre tant aimée
Le lendemain matin, Renée et ses copains
Posaient sur un écrin dans le grand magasin
Renée fut achetée, emmenée et lavée
Et puis hachée, coupée, vinaigrée, mélangée
Après tout un bazar, je vous passe l’histoire
Elle fana quelque part dans un beau salad-bar
Finit sa brève vie dans une panse remplie
Mangée en compagnie des enfants de Julie
Morale
J’pourrais vous raconter l’histoire de Jérôme
Le bœuf aux hormones tout plein de mélanomes
Ou celle de Léon, le brave petit saumon
Dans son élevage lapon plein de chlore et de plomb
Sans oublier Justine, la poule de Campine
Qui picore l’herbe fine près des fûts d’dioxine
Tout ce que l’on digère, ça a fait des misères
Y a vraiment que la bière qu’on peut boire sans colère
Pensez à vos artères, pensez à votre cancer
Jetez l’assiette par terre et levez votre verre
Et songez à Roger, le plus beau des bélier
Grâce à nous chaque été, son coup il peut tirer